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الاب لويس وهبه

 

 

Homélie à la messe du 2ème Dimanche après Noël (02/01/2011)
 

Mes frères, dans le Prologue de l’Évangile selon Jean, que nous avons lu plusieurs fois durant les célébrations de Noël, il y a une phrase qui fait frissonner, parce qu’elle montre l’aspect dramatique de l’aventure de Dieu avec les hommes. Au verset 11 l’évangéliste nous fait constater que Dieu, en Jésus « est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli » ? En grec έίς τα ίδια. IDIA signifie chez lui, sa propriété, dans ce qui lui appartient, at home en anglais. Et les siens (ίδια) ne l’ont pas accueilli.


Nous avons dit que Noël, c’est Dieu qui vient à l’homme, qui s’offre à lui, afin que l’homme devienne lui-même, qu’il trouve son identité, la plénitude de son existence. Et le monde ne l’a pas reconnu (verset 10), et les siens ne l’ont pas reçu. Quel drame, quel mystère, quel mystère de l’homme, quel mystère de Dieu !


Le monde par lui a été fait ; l’homme existe pour faire partie de la famille de Dieu, et voilà que le monde ne l’a pas connu, les siens ne l’ont pas accueilli. Le monde, les siens, de qui s’agit-il ? Le peuple juif, oui, en partie. Les siens de Dieu, ce ne sont pas seulement les juifs, c’est tous les hommes, c’est l’humanité entière, c’est chacun de nous ; personne n’est étranger à Dieu, nous sommes tous l’ouvrage de ses mains ; nous sommes sa maisonnée.


Et voilà : nous constations que la naissance de Jésus à Bethléem n’apporte pas que de la joie (« joie au ciel ! exulte la terre ! »). Elle apporte aussi beaucoup de larmes et de sanglots ; le sang des innocents de Bethléem macule le berceau du Nouveau-Né ; les cris désespérés de leurs mamans traversent les siècles et continuent à nous assourdir. Jésus a été et restera toujours, un signe de contradiction : A cause de ton nom on nous massacre tous les jours ; nous sommes comptés comme des moutons d’abattoir. A cause de ton nom ; à cause du Nom du Christ. C’est uniquement à cause de leur nom de chrétiens qu’à l’occasion de Noël, des dizaines de nos frères chrétiens ont été massacrés de sang froid à Alexandrie hier à la fin de la messe, et les jours derniers, à Bagdad, et au nord du Nigeria, et aux Philippines, et au Pakistan, et que sais-je ? Tous ces drames innommables veulent dire quoi ? Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu.


Mais à ceux qui l’ont reçu il a donné de devenir enfants de Dieu. Heureusement, il y en a qui l’ont reçu. Essayons, mes frères, de le recevoir dans notre vie chaque jour. Que par notre témoignage beaucoup d’autres accueillent Dieu qui vient à eux en Jésus. Amen.

 

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Homélie pour la fête du Baptême du Christ (09/01/2011)

Jésus reçoit le baptême. Jésus vient de naître et on se hâte de célébrer son baptême, comme cela a coutume d’avoir lieu chez les bons catholiques, sans trop attendre. Pourtant, pour Jésus on fait un saut d’une trentaine d’années : Jésus a vécu 30 ans avant d’être baptisé, sans être baptisé. Alors, pourquoi la liturgie, tant occidentale qu’orientale, tant catholique qu’orthodoxe, célèbre cet événement dans le cadre de Noël ? (Je signale que chez les chrétiens orientaux, notamment les maronites, la fête de l’Epiphanie, ce n’est pas la fête des Rois Mages, c’est la fête du Baptême du Christ (الغطاس), et il y a une cérémonie solennelle de consécration de l’eau que les fidèles emportent dans leurs maisons).


En célébrant le baptême du Christ à cette période du cycle liturgique, l’Eglise veut célébrer aussi, et surtout, la manifestation, le dévoilement du mystère de Dieu dans Jésus. Dieu le Père lève le voile qui nous cache l’identité de Jésus. Aveugles que nous sommes, nous risquons de nous méprendre sur l’identité de cet être qu’est Jésus. Nous serions tentés de ne voir en lui qu’un homme comme les autres, et pas plus, un pécheur comme les autres, qui a besoin de conversion, qui prend rang avec les pécheurs qui attendent le salut, et qui vont chez le prophète Jean Baptiste pour se purifier en se lavant symboliquement. Quelle humilité ! Cet être mystérieux, Jésus, décide de descendre au plus bas, jusqu’au Jourdain, au niveau le plus bas du globe terrestre, vers ce Jourdain qui va vers la mort, vers la Mer Morte où toute vie est exclue.


Oui, nous risquerions de nous méprendre sur cet être qu’est Jésus. Jésus descend, reçoit ce rite pénitentiel du Baptême, et remonte. En remontant, il fait frémir la création entière. Le ciel même ne résiste plus ; il se déchire, et au travers de cette déchirure le Créateur de l’univers, le Père, nous interpelle pour que nos yeux s’ouvrent et découvrent l’identité de cet être : « O vous hommes, tendez l’oreille et écoutez, ouvrez les yeux, ouvrez les yeux et découvrez : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour ». Cet événement fait partie intégrante du mystère de Noël : Dieu qui se présente à nous, qui se livre à notre bon vouloir ; Dieu met cartes sur table et nous pousse pour ainsi dire au pied du mur : « Voilà, je veux être vôtre et que vous soyez miens. Le voulez-vous ? Je n’ai plus de secret. Je vous ai livré le fond de mon cœur. Voulez-vous recevoir la vie que je vous propose ? Quelle joie pour moi si vous répondez OUI ! »

 

 

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Pere Louis Wehbeh ocso