Le Carême
• Le mot « carême » vient du latin quadragesima, qui signifie quarantième , le quarantième jour étant le jour de Pâques (selon le rite latin). De fait, ce chiffre de 40 est, dans la Bible, symbolique d’un temps de préparation et de rénovation spirituelle pour de nouveaux commencements : après avoir fui l’Égypte sous la conduite de Moïse, les Hébreux sont restés 40 ans dans le désert(Nb14;34), avant d’entrer dans la Terre promise ; Dieu accorda 40 jours aux habitants de Ninive pour se convertir(Jon3;5) ; Le Christ passa 40 jours dans le désert avant d’entamer ses trois années de vie publique. (Mt4;2)
• Durant ce temps du Carême l’Église nous invite à nous préparer
à la grande fête de Pâques qui commémore la Résurrection du
Christ, venu libérer tous les hommes du poids de leurs entraves
et proposer l’amour à tous. Le Carême est une période de
préparation à la résurrection du Christ. A ce titre, le Carême
est vécu sous le signe de l’espérance, c’est-à-dire de la
confiance en Dieu et donc de la joie. Dans son message de Carême
2004, Jean-Paul II rappelait que "durant le Carême, nous nous
préparons à revivre le Mystère pascal qui projette une lumière
d’espérance sur toute notre existence, même dans ses aspects les
plus complexes et les plus douloureux."
• L’essence du Carême ne consiste pas d’abord à nous priver de
certaines choses matérielles. Si l’Église nous demande de faire
pénitence, ce n’est pas pour nous punir, mais c’est pour nous
aider à changer. C’est une manière de nous inviter à nous
débarrasser de l’orgueil, de l’égoïsme, de la division et de
tout ce qui nous empêche de vivre en communion avec Dieu. Donc
dans ce temps, il est proposé aux fidèles de se tourner vers
Dieu et vers autrui. Dans son message à l’occasion du Carême
2003, Jean-Paul II rappelait que "la prière et le jeûne doivent
être accompagnés par des œuvres de justice, la conversion doit
se traduire en accueil et en solidarité".
• Le chrétien sait qu’il fait des fautes, le Carême lui permet
de se corriger, d’être meilleur avec l’aide du Christ, non pas
en faisant de grandes démonstrations extérieures, mais dans le
silence et la discrétion. Le chrétien sait que Jésus-Christ
l’aime dans sa misère et ses défauts ; c’est ce qui donne à tout
chrétien le désir d’être meilleur, pour Dieu et pour les autre.
• Le Carême est en effet le moment idéal pour faire un effort
sur soi en vue d’éliminer tout ce qui est source de blessure
pour autrui. Le Carême nous invite à voir qu’en toute situation,
il y a toujours la possibilité de faire germer l’amour.
• L’église nous montre que la préparation du Carême se fait dans
la prière, le jeûne et le partage. ( Le Catéchisme de l'Eglise
catholique: 1431,1434) (Code de droit canonique:1249,1253)
• le jeûne est La pratique de l’abstention totale ou partielle
de nourriture, pour des raisons religieuses ou autres, est
universellement représentée dans l’histoire des hommes. En
jeûnant, l’homme reconnaît sa dépendance vis-à-vis de Dieu, car
sans la nourriture qu’il reçoit de lui, il expérimente la
précarité de ses forces : le jeûne "humilie son âme" devant Dieu
( Ps 34, 13 ; 68, 11 ). Jeûner, c’est montrer à Dieu que l’on
n’est rien sans lui, au moment où l’on a une demande importante
à lui faire (Jg 20, 26 ; 2 S 12, 16.22 ; Esd 8, 21 ; Est 4, 16)
; c’est surtout se reconnaître pécheur et implorer, par la
reconnaissance pratique de son néant, le pardon divin (1 R 21,
27 ; Dn 9, 3). Le jeûne corporel n’a de sens que s’il est
accompagné d’un jeûne ou d’une abstention du péché ( Is 58,
1-12) ; autrement, il n’est que de pure ostentation (Mt 5,
16-18).Dans l’Évangile, Jésus sait utiliser le jeûne en tant que
préparation à la rencontre divine ou à toute grande œuvre faite
avec Dieu : comme Moïse et Elie, il jeûne quarante jours et
quarante nuits au désert (Mt 4, 1 ; Ex 24, 18 ; 34, 28 ; 1 R 19,
8), avant de promulguer, dans le Sermon sur la montagne, la Loi
nouvelle. Il montre cependant que le jeûne, en soi, n’a qu’une
valeur relative et que, pour ses disciples, conviés au festin
messianique, il exprime l’attente passionnée de l’Époux qu’il
est (Mt 9, 14-15). il est aussi et surtout une préparation à la
rencontre de Pâques.
• Le jeûne se situe alors dans l'ordre des moyens, en vue d'une
plus grande sainteté, et ne saurait constituer une fin en soi! "
Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme font les
hypocrites qui exténuent leurs visages pour faire voir aux
hommes qu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils ont reçu
leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et
lave ton visage, afin qu'il ne paraisse pas aux regards des
hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le
secret ; et ton Père céleste qui voit dans le secret te le
rendra " ( Mt VI ; 16 )
• Le jeûne regarde d'abord notre vie spirituelle et notre
intimité avec le bon Dieu. Il nous permet ainsi de nous
purifier, nous laissant plus libre d'aller vers Celui qui est
source de toute sainteté. On comprend dès lors qu'il doive
s'accompagner d'une certaine modestie et humilité : Si le jeûne
devait être pour nous une occasion d'autosatisfaction et
d'orgueil il manquerait finalement son objectif et serait donc
en vain .Jeûner, c’est se donner le temps et la disposition
d’esprit nécessaire à la prière.
• nous pouvons conclure que le Carême est préparation à la
victoire d’un Dieu fait homme, sur le mal. Le réduire à la
pénitence serait erroné ; le Carême n’est pas une simple
obéissance à une loi religieuse mais une étape de conversion
profonde, par la prière qui nous unit à notre créateur et
sauveur. C’est un élan d’amour vers Dieu pour répondre à son
appel... Il est mort et ressuscité et comme Lui nous passons du
détachement (nos privations) à la lumière de Pâques (notre
conversion). donc Le Carême n’est pas seulement un temps de
sacrifice ou de pénitence, c’est avant tout une invitation à
nous concentrer sur l’essentiel: Jésus-Christ. Mais garder ses
yeux sur Lui, est exigeant. Cela demande de choisir entre la vie
d’amour que propose le Christ et nos petits égoïsmes... Le
Carême est un temps pour revenir à l’essentiel et considérer le
superflu et l’accessoire à leur juste place. Faire pénitence
c’est se détacher de ce qui nous retient, s’ouvrir aux autres et
se convertir au Christ pour accéder à la vraie liberté d’aimer
comme Lui nous a aimé jusqu’à donner sa vie.
Dr. Antoine B.
Daher