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Homélie pour l’Ascension
20/05/2012

Mes frères,
Dans les jours qui s’écoulent entre l’Ascension et la Pentecôte, nous imaginons le groupe des disciples rassemblés à Jérusalem avec Marie, selon la recommandation de Jésus « de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis », à savoir le Baptême dans l’Esprit Saint, baptême inauguré par l’effusion de l’Esprit (Act 1/4-5).

L’évangile de Luc nous dit qu’aussitôt après le départ de Jésus les disciples « retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu » (24/53). Cela ne vous surprend-t-il pas ? N’est-ce pas le contraire qui serait normal ? Après cette séparation d’avec leur Maître bien aimé, n’est-ce pas plutôt la déconcertation et la tristesse qui demeurent en eux ? Et pour cause. Imaginez : Jésus est parti et rien n’était changé dans le monde, rien n’est advenu de ce qu’ils espéraient, de ce qu’ils attendaient. Et puis ils ont reçu de lui une mission tout au-delà de leurs forces, à savoir se présenter devant les gens à Jérusalem, en Israël et dans le monde entier, et proclamer : « Ce Jésus qui a échoué apparemment est notre sauveur à nous tous ». Comment le départ de Jésus, l’adieu à Jésus au Mont des Oliviers ne laisserait-il pas derrière lui la souffrance, la tristesse ? Notre expérience, celle de chacun de nous, nous prouve à l’évidence que toute séparation d’avec une personne aimée cause une souffrance.

Mais alors, comment comprendre que les disciples de Jésus « retournent à Jérusalem avec grande joie et louent Dieu » ?
Voici ce qu’on peut répondre : après l’Ascension les disciples réalisent qu’ils ne sont nullement abandonnés. Ils sont certains que le Ressuscité est dorénavant présent au milieu d’eux d’une manière nouvelle et puissante. Car la « droite de Dieu » où Jésus est « élevé » implique un nouveau mode de présence par lequel Dieu seul peut nous être proche.

Mettons-nous bien cela dans la tête : l’Ascension de Jésus n’est pas un départ dans une région lointaine du cosmos ; elle est bien plutôt une proximité permanente source d’une joie ineffable pour les disciples. Cela, les disciples l’ont expérimenté, l’ont vécu, en ont témoigné, et nous l’ont transmis. C’est une réalité qui a été reçue, revécue, expérimentée par toutes les générations des disciples de Jésus à travers les siècles, et elle demeure vivante aujourd’hui et demain, tant que le cœur de l’homme reste ouvert au don de Dieu.

Il est rapporté aussi qu’une nuée vient accueillir Jésus, « le soustrait à leurs regards » (Actes 1/9). Gardons-nous d’imaginer un espace cosmique lointain où Dieu, siégeant sur un trône, aurait donné une place à Jésus. Dieu est au-delà de tout espace, de toute réalité spatio-temporelle. « Siéger à la droite de Dieu » signifie pour Jésus participer à la souveraineté propre de Dieu sur tout espace. Jésus entre dans la communion de vie et de pouvoir avec Dieu. Il n’est pas parti, il est maintenant toujours présent à côté de nous et pour nous. Le départ de Jésus est en même temps sa venue, une présence permanente, source d’une joie ineffable qui accompagne ses disciples, qui nous accompagne, nous aussi, vous et moi, tout au long de notre vie présente, jusqu’à la communion finale avec lui. 

P. Louis Wehbe ocso

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