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Homélie pour
l’Ascension Mes frères, L’évangile de Luc nous dit qu’aussitôt après le
départ de Jésus les disciples « retournèrent à Jérusalem en grande joie,
et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu » (24/53). Cela
ne vous surprend-t-il pas ? N’est-ce pas le contraire qui serait normal
? Après cette séparation d’avec leur Maître bien aimé, n’est-ce pas
plutôt la déconcertation et la tristesse qui demeurent en eux ? Et pour
cause. Imaginez : Jésus est parti et rien n’était changé dans le monde,
rien n’est advenu de ce qu’ils espéraient, de ce qu’ils attendaient. Et
puis ils ont reçu de lui une mission tout au-delà de leurs forces, à
savoir se présenter devant les gens à Jérusalem, en Israël et dans le
monde entier, et proclamer : « Ce Jésus qui a échoué apparemment est
notre sauveur à nous tous ». Comment le départ de Jésus, l’adieu à Jésus
au Mont des Oliviers ne laisserait-il pas derrière lui la souffrance, la
tristesse ? Notre expérience, celle de chacun de nous, nous prouve à
l’évidence que toute séparation d’avec une personne aimée cause une
souffrance. Il est rapporté aussi qu’une nuée vient accueillir Jésus, « le soustrait à leurs regards » (Actes 1/9). Gardons-nous d’imaginer un espace cosmique lointain où Dieu, siégeant sur un trône, aurait donné une place à Jésus. Dieu est au-delà de tout espace, de toute réalité spatio-temporelle. « Siéger à la droite de Dieu » signifie pour Jésus participer à la souveraineté propre de Dieu sur tout espace. Jésus entre dans la communion de vie et de pouvoir avec Dieu. Il n’est pas parti, il est maintenant toujours présent à côté de nous et pour nous. Le départ de Jésus est en même temps sa venue, une présence permanente, source d’une joie ineffable qui accompagne ses disciples, qui nous accompagne, nous aussi, vous et moi, tout au long de notre vie présente, jusqu’à la communion finale avec lui. |
P. Louis Wehbe ocso
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