Homélie pour le temps de la
Passion (25 mars 2012)
Mes
frères, Nous entrons aujourd’hui dans cette dernière partie du temps
quadragésimal qu’on appelait autrefois le temps de la Passion ; cette
quinzaine qui va culminer dans la célébration de la Passion du Messie.
Depuis le début du carême nous avons essayé d’accompagner Jésus, de nous
asseoir à ses pieds pour écouter son enseignement. Nous avons essayé de
nous désoccuper, de nous libérer de divers soucis égoïstes ou caducs,
renonçant à quelques uns de nos aises, de nos jouissances favorites,
pour préférer l’intimité de Jésus. Nous avons essayé de lutter contre
les complicités du mal qui résident à demeure dans notre être humain.
Et nous voilà approchant de la célébration du drame suprême qui a changé
le cours de l’histoire de l’humanité, ce drame qu’est la Passion-Résurrection
du Dieu-Homme, Jésus Christ.
A dessein nous avons lu l’évangile de la résurrection de Lazare, une des
péricopes clé de l’évangile de Jean, où Jésus, peu avant de subir la
suprême humiliation d’une mort infâme, a montré sa puissance divine, a
révélé son identité de maître de la vie et de la mort.
Je n’oublie pas que l’autre texte johannique prévu pour aujourd’hui
(5ème dimanche, cycle B) parle aussi de vie et de mort : « Si le grain
de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il
donne beaucoup de fruit » (Jn 12/24).
La question extrêmement importante qui mériterait à elle seule de
retenir notre attention et attend notre réponse se résume en ceci :
Croyons-nous que seul Jésus peut et veut nous donner la vie à
laquelle, consciemment ou non, nous aspirons ? Il se pourrait
qu’à la lumière de l’expérience de notre vie passée, nous restions
empêtrés dans un sentiment d’accablement devant nos misères, nos péchés,
nos complicités toujours renaissantes avec le mal. Or voici un texte
propre à nous réconforter et à ranimer notre espérance ; il est tiré de
notre père saint Bernard (+ 1153) dans son sermon 83 sur le Cantique des
Cantiques : « Toute âme, même chargée de péchés et en proie au désespoir,
toute âme peut repérer au-dedans d’elle, non seulement de quoi respirer
dans l’espoir du pardon et de la miséricorde, mais encore de quoi oser
aspirer aux noces du Verbe, et de ne pas craindre de sceller avec Dieu
une alliance de communion de concert avec le roi des anges ». Dixit
notre père saint Bernard.
p. Louis
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