Deux homélies
pour la fête du Baptême du Christ
Dimanche 09
janvier 2011
Jésus reçoit le baptême. Jésus vient de naître
et l'on se hâte de célébrer son baptême, sans trop attendre, comme cela
a coutume d'avoir lieu chez les bons catholiques. Pourtant, pour Jésus
on fait un saut d'une trentaine d'années : Jésus a vécu trente ans avant
d'être baptisé, sans être baptisé. Alors, pourquoi la liturgie, tant
occidentale qu'orientale, tant catholique qu'orthodoxe, célèbre cet
événement dans le cadre de Noël ? (Je signale que chez les chrétiens
orientaux, notamment les maronites, la fête de l'Epiphanie, c'est la
fête du baptême du Christ (al ghitâss), fêt qui comporte un rite de
bénédiction solennelle de l'eau que les fidèles emportent dans leurs
maisons).
En célébrant le baptême du Christ à cette
période du cycle liturgique, l'Eglise veut célébrer aussi, et surtout,
la manifestation, le dévoilement du mystère de Dieu en Jésus. Dieu le
Père lève le voile qui nous cache l'identité de Jésus. Borgnes, aveugles
que nous sommes, nous risquons de nous méprendre sur l'identité de cet
être qu'est Jésus. Nous serions tentés de ne voir en lui qu'un homme
comme les autres, et pas plus, un pécheur comme nous autres, qui a
besoin de conversion, qui prend rang avec les pécheurs qui attendent le
salut, et qui vont chez le prophète Jean Baptiste pour se laver
symboliquement.
Quelle humilité ! quelle humiliation ! Cet
être mystérieux, Jésus, décide de desendre au plus bas, jusqu'au
Jourdain, le niveau le plus bas du globe terrestre, vers ce Jourdain qui
va vers la mort, vers la Mer Morte où toute vie est exclue.
Oui, nous risquerions de nous méprendre sur
cet être qu'est Jésus. Jésus descend, reçoit ce rite pénitentiel du
baptême, et remonte. En remontant, il fait frémir la création entière.
Le ciel même ne résiste plus, il se déchire; et au travers de cette
déchirure le Créateur de l'univers, le Père, nous interpelle pour que
nos yeux s'ouvrent et découvrent l'identitré de cet être : "O vous, les
hommes, tendez l'oreille et écoutez, ouvrez les yeux et découvrez :
Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour".
Cet événement fait partie intégrante du
mystère de Noël : Dieu qui se présente à nous, qui se livre à notre bon
vouloir; Dieu dépose cartes sur table et nous met pour ainsi dire au
pied du mur : " Voilà, je veux être vôtre et que vous soyez miens. Le
voulez-vous ? Je n'ai plus de secret. Je vous ai livré le fond de mon
cœur. Voulez-vous recevoir la vie que je vous propose ? Quelle joie pour
moi si vous répondez OUI ! "
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Dimanche 08 janvier 2012
Dieu se manifeste en
Jésus. Dieu vient à nous en Jésus. Dieu se donne à nous en Jésus.
Que signifie le fait de fêter aujourd'hui le
baptême de Jésus ? Historiquement cet événement eut lieu quand Jésus
était devenu adulte, soit quelque trente ans après la naissance que nous
venons de fêter avec beaucoup d'éclat.
Quel lien entre la naissance à Bethléem et le
baptême au Jourdain trente ans plus tard ? Car le baptême de Jésus ne
suivit pas de près sa naissance, comme cela se fait chez les bons
catholiques que nous sommes.
Dans l'intention de l'Eglise, notre Mère et
Maîtresse, il s'agit pour nous de fêter le mystère de la manifestation
de Dieu aux hommes, de la manifestation de son plan, de son projet,
projet à réaliser par son Verbe, par son Fils. Dieu dévoile son projet :
venir à l"homme, sauver l'homme, partager sa vie, son bonheur éternel
avec l'homme, et cela par son Verbe fait chair.
C'est là l'Epiphanie de Dieu : naissance à
Bethléem, adoration des Mages, baptême au Jourdain, noces à Cana, tous
ces épisodes relèvent d'un même scénario.
Dans la tradition litutgique d'Orient, à
l'Epiphanie, c'est le Baptême de Jésus qu'on met en relief, et non pas
l'adoration des Mages, et les semaines qui suivent sont dites temps de
l'Epiphanie où l'on est invité à baigner dans la contemplation de ces
merveilles de Dieu, tandis que dans la liturgie romaine dite réformée,
tout cesse avec le Baptême; et l'on est ensuite réduit à vivre un temps
ordinaire. Ce sont des traditions très relatives sujettes à des
changements selon les goûts. N'oublions pas que l'essentiel ne change
pas : Dieu se propose, s'offre à nous en Jésus, et l'Eglise prend tous
les moyens possibles pour nous inciter à ouvrir nos oreilles, nos cœurs,
afin de jouer le jeu de Dieu, de nous réveiller de notre sommeil, de
mettre fin à notre vagabondage à travers les vanités de ce monde, et
retourner à notre patrie, à notre chez soi, à la maison du Père qui, sur
le seuil de sa porte, nous tend les bras.
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