Table des Matières

Table of Contents

Dr. Père Cezar Mourani ocd

Nouvelle Edition 2002

 

L'Architecture Religieuse de Cobiath (Kobayat) sous les Croisés

TROISIEME PARTIE

Etudes Detaillées des Chapelles Cobiathines

 

- Chapelles Simples –

Chapitre 2

 

La Rive de Naher-El Kébir 

 

QINIA

Le DEIR-Monastère antique et chapelle médiévale

 

 

Le site:

Une route éventrée permet, dans les conditions actuelles, aux seules voitures élevées, de transporter le passager curieux du passé ou bien le studieux passionné, du centre-ville Cobiatin jusqu’à Qinia. à travers la partie Nord-Ouest du Akroum. Les collines rocheuses et les côtes à l’herbe rare où paissaient jusqu’à quelques années de maigres troupeaux de chèvres, sont aujourd’hui parsemées de petits hameaux reliés par des pistes récemment tracées. Le haut-plateau souffre la sécheresse et la seule pièce d’eau naturelle de Qinia et ses environs se trouve dans une profonde grotte, située à un kilomètre environ à l’Ouest du Deir. A trois mètres au-dessous du sol, les eaux, ruisselant le long de la paroi rocheuse, sont recueillies dans une vasque souterraine. A tour de rôle, les femmes du pays descendent y quêter leur plein-jarre d’eau. C’est la grotte Notre-Dame: les vestiges d’un sanctuaire dédié à la vierge Marie y sont toujours ténus en vénération. Le site, objet de notre étude est à moins de deux kilomètres de l’actuel Qinia et d’un autre hameau du nom de Mrah-elKhokh, sur un éperon rocheux aplati au sein d’une large et longue vallée reliant le village d’Akroum à Germnayia et Awadé. A quel saint patron appartenait-il? Les gens du pays ne l’ayant pas encore baptisé ou mieux “purifié”, il est connu dans toute la région, sous le nom général de “ DEIR Qinia “.

 

 

Le nom :

Qinia, dans le sens de propriété est vraisemblablement d’origine syriaque. =Qnaya et = Qinyana, indiquent la propriété, le terrain, le domaine. Populairement, il est souvent appelé Qnouté ou Qnité. Nous pensons que le mot et ses différentes variations appartiennent à la même racine sémitique(qna) dans le sens d’avoir. Qnouté n’est qu’un diminutif familier qui n’ajoute ou ne retire rien à la signification première du nom qui indique la grande propriété, le grand domaine, chose qui pouvait coller parfaitement au site, vu l’immense territoire cultivable qui entoure le Deir et la fertilité du sol, terre d’apport alluvional. Les vestiges archéologiques nous parleront mieux du passé agricole du pays.

 

 

Les citernes :

l’eau étant rare dans le Akroum, la seule source, presque, du précieux liquide, était celle des citernes auxquelles on confiait la vie des gens et des animaux. Ces citernes étaient de trois sortes: celles aménagées dans les cours ou bien en proximité de l’édifice et qu’on remplissait en y orientant l’eau des terrasses, celles qui, creusées au sein d’un banc rocheux, étaient remplies par l’eau de pluie recueillie dans des cavités et canalisée dans des rigoles, le tout aménagé à main d’homme dans l’étendue de la roche. Quant au troisième genre c’est la citerne-source. Il s’agit, en réalité d’une cavité rocheuse naturelle où l’eau, ruisselant le long des parois, vient déverser dans la vasque de fond, ou bien c’est un mince filet d’eau qui a trouvé son chemin vers le jour dans le fond de la grotte. La cavité réaménagée et souvent emmurée et couverte de crépi étanche, devient alors la citerne désirée.

Le site comprend trois citernes et chacune d’elles répond parfaitement aux caractéristiques particulières à chaque genre de citerne.

La citerne du Nord-ouest, située à l’extérieur du monument et à une dizaine de mètres de son mur occidental, semble être une large fissure naturelle, réaménagée. De forme irrégulière et à large ouverture, elle est de facture tardive, facture ne dépassant guère, la période franque, preuve en est la composition de l’enduit employé. Cette citerne reçoit les eaux recueillies sur l’étendue de la roche environnante.

Une autre citerne, un peu plus grande, celle-là, se trouve au milieu de la cour centrale. Elle, aussi, est une cavité naturelle réaménagée. Elle devait recueillir l’eau des terrasses environnantes. Quant à la troisième, la plus grande, on ne pourrait pas la qualifier de citerne; c’est plutôt une petite écluse, en partie, naturelle- presque rempli de remblai, elle devait, jadis, recueillir les eaux provenant de l’entourage rocheux en plus de la présence d’une petite source naturelle.

 

 

L’installation huilière :

Des fouilles, plus ou moins clandestines dans les temps qui courent, menées à grande échelle, ont mis à jour une installation huilière encore intacte.

Placée dans un coin de la cour intérieure, elle est située entre la grande entrée du sud à l’Est de la chapelle, et le mur Ouest de la tour de garde. Entrant par le portail sud, on rencontre, presque au centre, une pièce d’eau. Passant à côté d’elle, on pénètre dans l’huilerie. Aucune porte ou trace d’accès n’indique que cette partie de l’huilerie était fermée.

Aussi pensons-nous qu’il s’agit plutôt d’un portique que d’une salle fermée.

L’installation est mobile dans ce sens qu’elle n’est pas creusée dans le rocher comme celles de Chouita ou de Ghozrata. Faite plutôt de plusieurs pièces, celles-ci ont été taillées ailleurs et portées sur la place. La cuve du moulin a un rayon de 0,50 mètres sur une profondeur de 0,05 mètres, entourée d’une bordure de 0,25 mètres de largeur. Les rouleaux, - on en a mis à jour un seul jusqu’à présent -, ont un diamètre de 0,80 mètres sur 0,45 mètres d’épaisseur. L’arbre qui reliait les fûts devait être un carré de 0,20 mètres de côté.

A-côté du moulin, le long du mur méridional, on peut toujours observer la présence d’un réservoir à huile, creusé dans le rocher du sol. Il a 1,20 mètre de diamètre sur 0,40 mètre de profondeur. Remarquons, enfin, que tous les éléments composant l’huilerie, ont été taillés dans une roche, blanchâtre et dure à la fois d’extraction locale. Le moulin est encore en place, il ne demande qu’à être mis en fonction. Il lui manque, pourtant, une seule chose: l’olive dont la présence est fort désirable dans le Akroum.

On commence à replanter l’olivier qui pousse à merveille, signe qu’il devait être prospère dans le pays d’où l’abondance des moulins et des pressoirs à olive.

 

 

La chapelle :

L’église est faite d’un vaisseau unique de (12 x 5,20) y compris l’abside en hémicycle, empâtée dans un ouvrage carré. Le tout devait former, extérieurement, un bloc rectangulaire compact et homogène. Parfaitement orientée, la chapelle est placée à l’angle Sud du site, quelques mètres plus en saillie vers l’Ouest, par rapport au bloc du monastère. Elle est reliée, à ce dernier, par une série de salles qui ferment le côté occidental de la cour. La façade Ouest de la chapelle n’accuse aucune trace de porte dans ce qu’elle conserve comme vestige jusqu’à présent (un mètre de hauteur de l’intérieur, et, presque deux mètres à l’extérieur).

L’entrée principale se trouve dans le mur Nord, à, 1,60 mètres de l’angle Nord-Ouest; on y parvient en traversant, soit un portique à ciel ouvert, soit un nartex  placé à cet angle, car les restes d’un mur ceinturent la place avec un large portail dans le côté Nord, les fouilles, mentionnées plus haut, viennent de déblayer une autre porte, celle-là beaucoup plus petite(0,70 m) percée dans l’angle Nord-Est de l’abside et reliant celle-ci à la série de salles qui séparent l’église du monastère.

 

 

Le Deir :

c’est une bâtisse de forme trapézoïdale dont la base la plus large est celle du Sud. Le Deir est formé de plusieurs salles, orientées Nord-Sud et reliées par un corridor méridional qui traverse; d’est en ouest, toute, la largeur de l’édifice. L’entrée principale est placée à l’angle Sud-Est dans le côté oriental. Y a-t-il d’autre porte? Quelle était la destination première des différentes salles? Y avait-il plus d’un étage? L’état actuel des vestiges, encombrés de débris, ne nous permet point d’y répondre.

 

 

La tour :

Sur la même ligne que l’église et l’huilerie et, formant à l’Est, un angle de l’ensemble, l’angle Sud-Est. on relève les vestiges d’un petit édifice de forme légèrement trapézoïdale. Les murs sont plus épais que les autres, avec des ouvertures en meurtrières. Il s’agit vraisemblablement d’une tour de garde, tour dont l’existence est normale à l’angle des monastères ou bien des fermes antiques. Rappelons, enfin, que l’ensemble est entouré d’un espace qui s’élargit ou se rétrécit selon les possibilités laissées par la forme du terrain, car le Deir et ses annexes, aussi bien que la chapelle, sont installés comme d’habitude, sur la plate-bande d’un éperon rocheux, ceinturé du mur d’enceinte traditionnel.

Peut-on savoir à quelle date remonte la construction du monument? Un silence total de la part de la documentation plane sur la pierre abandonnée: aucune inscription, aucune chronique ou tradition. Seul, le témoignage archéologique reste un peu plus généreux:

Le Deir et la chapelle ne remontent pas à la même époque. La différence est nette entre l’appareil du monastère et celui de la chapelle. Le Deir emploie une pierre de grandeur moyenne (75 x 45 cm ) alors que celle de la chapelle est plus petite (55 x 35 cm ).

L’appareil de la chapelle, de taille assez fine à rayures obliques et parallèles, (taillant droit à dents) et relié au moyen d’un mortier de composition normalement employée dans la construction du XIIe siècle: du sable d’extraction locale, de la chaux, la poterie finement triturée, quelques infiltrations de pierre concassée avec beaucoup de cendre et de charbon ; alors que l’appareil du monastère, taillé au poinçon et rendu avarié par le temps, semble avoir été raccordé sans aucun liant. Le parement intérieur des deux monuments est recouvert d’enduit. Le crépi de la chapelle est formée de deux couches différentes et superposées. La couche intérieure (1 cm. d’épaisseur environ) et de couleur grisâtre contenant une forte portion de cendre et de charbon, alors que l’enduit extérieur (0,03 cm. d’épaisseur) est totalement composé de gypse blanche, pareil, en tout point au crépi, employé dans la chapelle de Margêtt pour recevoir les peintures qui décorent l’abside et l’une au moins de ses deux annexes : l’enduit cependant, qui recouvre le parement intérieur du monastère est formé d’un amalgame moisi qui s’effrite comme de la boue sèche.

Si l’on croit, enfin, le témoignage des croix pattées incises en creux sur les vielles pierres du monastère, le Deir remonterait à la première période chrétienne, c’est-à-dire à la période qui précède le septième siècle chrétien. Nous pensons, par contre que la chapelle, à rapprocher dans ses structures actuelles de celles de la chapelle du Felicium, ne remonte pas plus loin que le XIIe siècle.

 

 

 

Table des Matières

Partie1-Chap1

Partie3-Chap1

Partie4-Chap1

 

Partie1-Chap2

Partie3-Chap2

Partie4-Chap2

Introduction

Partie1-Chap3

Partie3-Chap3

Partie4-Chap3

   

Partie3-Chap4

Partie4-Chap4

 

Partie2-Chap1

Partie3-Chap5

Partie4-Chap5

 

Partie2-Chap2

Partie3-Chap6

 
   

Partie3-Chap7

Conclusion

 

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