Table des Matières

Table of Contents

Dr. Père Cezar Mourani ocd

Nouvelle Edition 2002

 

L'Architecture Religieuse de Cobiath (Kobayat) sous les Croisés

 

QUATRIEME PARTIE

 

Chapitre II

 

La construction

  

Une même tradition de construction se rencontre dans le choix des matériaux, dans les procédés et dans les structures des divers monuments religieux du Cobiath.

 

 

 

A - Nature des Matériaux:

 

1. La pierre, employée dans l’édification des monuments cobiathins, provient de carrières diverses et appartient à des natures différentes.

La pierre, la plus employée par les constructeurs du Moyen-Age est celle qu’on nomme “malaké”; c’est un calcaire coquiller dur et poreux, genre travertin. Elle a de belles veines qui malheureusement, se désagrègent et se rompent facilement d’où les creux désagréables laissés par l’écoulement du temps. Elle a, généralement, une couleur blanche-laiteuse d’une grande beauté. On en fait usage, surtout, dans les édifices de première importance.

 

Des édifices, de moindre importance, emploient l’autre pierre, provenant d’une roche beaucoup plus commune dans le pays appelé, populairement, “Sukkaré”.

Il y en a trois genres, le plus répandu, c’est un calcaire gris compact, fort dur. Sous le taillant, il vole en éclat à la manière du basalte. Difficile à traiter, il est, généralement, employé dans l’appareil à bossage: la façade de cette pierre, travaillée aux contours, présente un bossage à peine dégrossi. Cette pierre forme l’appareil d’édifices de second ordre. On la rencontre dans l’église des Saints Georges et Daniel, à Chouita, église remaniée à plusieurs reprises. De couleur grisâtre elle est poreuse malgré l’amalgame de son grain. Sensible à l’humidité, elle se couvre de mousse qui lui donne une apparence de laideur et de moisissure.

 

L’autre genre, est un calcaire ocre à fines strates, appelé “pierre blonde”. Plus facile à travailler, la pierre présente une couleur pain-de sucre d’un ton assez chaud.

 

Le troisième genre du “Sukkaré” est toujours un calcaire, mais de couleur ocre lité en larges et épaisses dalles faciles à débiter. Il a été très employé dans les édifices de Chouita, surtout à “Qassre Mriq” où les carrières sont toujours reconnaissables à l’ouest du mausolée.

On a fait usage aussi d’une pierre dite “Ramlé”, genre de tuf d’une couleur châtain ou châtain-clair.

Là aussi, on a deux genres: l’un, d’origine marine, durcit à l’air mais il est désagrégé par les embruns.

 

Son grain, souvent très gros, est parfois très fin. D’apparence très compacte, il s’effrite facilement. L’autre genre est d’extraction locale. C’est une roche calcaire à gros grains faite d’une composition de racines pétrifiées et de coquillage, appelée Keddane”.

Le ramlé a été abondamment employé sur le littoral.

 

A la montagne, on en a fait usage dans certaines parties de la construction, arceaux et arcades en particulier. On l’a surtout employé au XIII s. soit faute d’autres pierres soit parce qu’il est plus facile à tailler.

 

La pierre noire a connu un usage très fréquent dans les régions qui bordent le Nahre-el Kébir et le long du littoral syrien entre Tartous et Banias. On en rencontre deux sortes. L’une est une roche volcanique de couleur plutôt brune, facile à tailler. Ses boules sont employées dans le bourrage des murs. L’autre est un basalte d’un noir brillant. Très difficile à tailler, elle nécessite une maîtrise particulière. La spécialité était jadis détenue par les tâcherons du Hauran en Syrie du Sud et par les maîtres de Tell Kalakh aux environs du Crac des Chevaliers.

 

Quant au marbre il a eu un usage très limité.

Emprunté aux monuments antiques ou bien importé directement d’Italie, il a servi, surtout, à orner les parties les plus soignées des édifices sacrés. Arraché par les civilisations postérieures, soit pour être remployé dans des édifices nouveaux soit pour la fabrication de la chaux, son emplacement est toujours reconnaissable dans les monuments du Moyen-Age, en particulier, les monuments croisés, comme aux portails de Notre-Dame de Tartous et de la chapelle de Marqab[1]

 

 

2. Le Mortier:

Le Moyen-Age a, rarement, fait usage de l’appareil à joints vifs malgré le rénom de ses tailleurs de pierre. Il a eu un recours normal au mortier pour cimenter les diverses parties de la construction. Ce mortier semble avoir eu, partout, une même composition.

L’élément de base est le sable fut-il marin ou montagnard mélangé à la chaux. On a ajouté de la cendre reconnaissable à la couleur grise donnée à la pâte, ainsi qu’à la grande quantité de charbon qu’on y retrouve[2].

Une autre formule fut un mélange à base de chaux et de marne. Pour rendre cette pâte plus compacte et solide, on lui a ajouté de la poterie finement triturée.

Les deux genres de mortier se rencontrent un peu partout le long du littoral syro-libanais et dans tous les édifices, religieux ou militaires francs, du Moyen-Age syrien.

Les deux mélanges se révèlent être, à longueur de temps, très résistants, même plus résistants, parfois, que les ciments d’aujourd’hui. De couleur différente, les deux mortiers sont reconnaissables à vue d’œil: le premier a une couleur jaune, délavée par le gris de la cendre ajouté; le second se présente sous la couleur grisâtre de la marne dont il est composé.

 

 

3. L’Appareil:

   Trois sortes d’appareil se superposent ou bien se côtoient dans les constructions du Moyen-Age cobiathin. Le même mur présente parfois le triple appareil superposé, ou bien, le même ouvrage a trouvé plus facile à loger dans ses murs l’appareil d’antan plutôt que d’en tailler un autre. Souvent, les tâcherons ont vite fait de débiter en petit appareil et, c’est là le malheur, l’imposant monolithe du passé.

 

- L’appareil phénicien:

Deux qualités importantes caractérisaient l’architecture phénicienne: le monolithisme et le mégalithisme.

- Le monolithisme, c’est l’emploi d’un seul bloc de pierre dans la construction: il s’agit de creuser une maison, une tombe ou bien de tailler une colonne dans un bloc rocheux unique. Ce monolithisme a fait la renommée des Phéniciens. Rappelons, à ce propos, la célèbre “maison de Amrit” taillée avec ses chambres, ses diwans, ses espaces et ses portes dans un même rocher. Le célèbre temple de la même cité est, lui aussi, un exemple de ce monolithisme géant. Nous pouvons toujours admirer les murailles de l’île d’Arwad ainsi que ses célèbres huileries et magasins creusés, tous, à même le rocher. Dans le Cobiath, nous pouvons toujours admirer les énormes blocs du temple de Hilsban, les temples impressionnants du Akroum, ou bien, celui, non moins admirable du Maqam-Errabb de Menjez.

- Le mégalithisme est une conséquence logique du monolithisme puisque opter pour l’unicité, c’est, en réalité, choisir le gigantisme.

Ce mode de construire paraît être unique au monde. L’appareil est, toujours, à joints vifs sans aucun liant. Les murs phéniciens n’ont, en général, qu’un seul parement fait d’énormes blocs de pierre, finement taillés et réunis de telle manière qu’il est impossible de placer même une lame de rasoir dans les interstices.

Un autre trait caractérise l’appareil phénicien: c’est la pierre à bossage. C’est une pierre dont le cadre est finement taillé alors que la face saillante est laissée au naturel. Ce dernier trait adopté par le Moyen-Age devint un canon de la construction franque du XII s.[3].

 

- L’appareil Syriaque:

Le système du monolithisme-mégalithisme a été d’un usage courant dans les constructions syriaques des premiers siècles chrétiens. L’appareil syriaque est, relativement, de mesures plus petites que l’appareil phénicien.

Mais, jamais la taille de la pierre n’avait atteint un art aussi raffiné et aussi luxueux: c’était la fête de la pierre.

Les églises et les édifices anciens de la Syrie centrale, -Qalàat Simàan, Qalb-Lozé et tant d’autres- offrent, à ce propos, un spectacle impressionnant.

Le plus admirable dans cet appareil c’est qu’il a été fait de façon à supporter les secousses de deux mille ans environ, et, à rester debout, défiant le passage du temps.

Trois traits caractérisent l’appareil syriaque:

1 - Le premier c’est l’emploi du bossage constatable dans les murs des villes et villages chrétiens de la Syrie antique. Citons à titre d’exemple, une partie du mur nord de l’église de Dahes et de certaines villas de Brad (Syrie du nord). Au Cobiath, on rencontre l’appareil syriaque à bossage dans le socle du mur ouest de l’église Notre-Dame de Qmmaà.

2 - Le second trait consiste à creuser dans un même monolithe les arcades des portes et fenêtres de façon à avoir un linteau évidé en arc (arcuated Lintel). Ce système de linteau fut d’un usage général dans les fenêtres et portes des églises et maisons de Syrie à partir du Vème siècle: le linteau évidé en arc est visible dans les baies de Mar Sarkis.

3 - La taille de la pierre de façon à se maintenir encastrée l’une dans l’autre, sans aucun Liant, forme une autre caractéristique de la pierre syriaque.

 

- L’appareil croisé:

Les Francs ont été de grands bâtisseurs: Ils ont remis en œuvre des édifices antérieurs comme ils en ont construit des nouveaux, ils ont eu l’habileté d’assembler dans un même monument le nouveau et l’antique. Il est très courant de reconnaître dans leurs murs, à côté de l’appareil récemment taillé par eux, un appareil plus ancien remployé.

L’appareil croisé, généralement dressé avec le plus grand soin est assemblé avec une précision parfaite. Il est, généralement, de moyen échantillon; il varie selon les sites et les édifices, entre 0,55 x 0,35m et 1m x 0,75m.

A la chapelle du Felicium, le grand appareil ne dépasse guère 0,75m alors qu’à la chapelle-donjon de Safitha il a une moyenne de 1 x 0,75m. Dans les murs de cette église le remploi de la pierre est frappant alors qu’au Felicium, les pierres de remploi sont rares.

La taille de la pierre est caractéristique chez les Francs.

Elle est faite au taillant droit à dents d’où les stries parallèles, obliques ou verticales qui la font reconnaître à première vue. Il serait, peut-être, utile de dire à ce propos que la plupart des théories créées autour de cette taille manquent d’objectivité: Cette taille qui, dit-on, marque la pierre franque n’est pas particulière aux Francs, puisque c’était une taille d’un usage répandu, soit en France [4]soit  en Orient. Citons à titre d’exemple le bel appareil de Qassre Mriq de Chouita

La pierre employée par les Francs revêt, généralement, un double aspect: elle est soit lisse soit à bossage.

L’appareil à bossage procède de l’imitation des murs phéniciens et syriaques et du remploi de leurs matériaux. Ceci explique, peut-être, les deux genres de bossage qu’on rencontre dans les ouvrages croisés.

Au Felicium, le bossage grossier semble une exécution native du XII s. (autour de l’an 1115) alors que le bossage à surface polie semble de remploi à l’église-donjon de Safitha.

L’appareil, cependant, des monuments cobiathins est, généralement, petit (une moyenne de 0,55 x 0,35m). parfois, il est à peine dégrossi comme dans certaines parties des murs des Saints Georges et Daniel. Ceci indique simplement une restauration hâtive et maladroite, car l’appareil original, finement dressé, est d’une très belle facture. On peut l’admirer dans le socle intérieur de l’abside de Saint Georges, récemment mis à jour (avril 1985).

 

 

4. Les Murs:

La structure des murs est partout la même, au Moyen-Age croisé. Les murs Francs et ceux des indigènes ont une même composition: un double parement sur “une âme de blocage”. Les anciens édifices de Syrie sont des constructions de grand appareil à joints vifs. Ce procédé est rare au XII-XIII s., soit dans les églises syriennes, soit dans les constructions franques. Il est totalement absent de nos monuments cobiathins.

La formation des murs semble être, partout, la même puisque, au fur et à mesure que les assises montent, les deux parements sont soudés par un bourrage de pierres sèches noyées dans du mortier. Les deux parements du mur- et, c’est là un usage très répandu au XII-XIII s. sont reliés, de travers, par une seule pierre longue, ou bien, par un tronçon de colonne antique remployée[5].

 

 

 

 

B - Voûtes et Terrasses:

 

Les églises et chapelles construites par les Francs sont entièrement voûtées. On y emploie la voûte en berceau, la voûte d’arêtes et le cul-de-four et au 13èm s, les arceaux d’ogive.

On y rencontre, aussi, la combinaison normale du berceau central avec voûtes d’arêtes aux collatéraux. Le berceau central emploie, parfois, des doubleaux à simple ou à double bandeau comme les chapelles de Safitha et du Crac. Parfois c’est la voûte d’arêtes qui est divisée en travées soutenues par des doubleaux comme la chapelle du Mont-Pélerin à Tripoli. Ainsi, toutes les églises franques de Syrie sont voûtées, soit de berceau soit d’arêtes ou bien, les deux à la fois comme la cathédrale de Tartous.

La construction Cabiathine ne déroge point à cette règle de la voûte employée dans les monuments religieux.

Ceci n’interdit point l’existence de la couverture en terrasse, surtout dans les édifices de moindre importance comme les maisons des particuliers. Les terrasses pouvaient être faites, suivant les cas, de dalles de pierre comme à Qlehta[6], ruine à l’ouest du Felicium (5 Km environ) qui garde, jusqu’à présent, ses longues dalles éparses sur le terrain; soit de longs troncs d’arbres et de broussaille pressée, le tout couvert d’une étanche couche d’argile. Ces terrasses s’appuyaient sur des supports en bois ou en pierre. Nous avons retrouvé certains chapiteaux à Chouita et à Qlehta.

Les voûtes, cependant, à l’opposé du système employé par les Francs ne possèdent point d’extrados saillant; mais, bourrés les vides existant entre ce dernier et ses bas-côtés, l’ensemble est parementé d’une terrasse unie en terre battue ou bien en argile, légèrement inclinée sur l’un de ses côtés pour faciliter l’écoulement des eaux.

Les murs de rive s’élèvent de façon à contenir la surcharge supplémentaire produite par le remblai. Là où les terrasses n’existent plus, nous avons retrouvé les rouleaux-compresseurs, entiers ou réduits en morceaux, qui servaient à presser le sol en vue d’en augmenter l’étanchéité. Signalons, à ce propos, que les villageois du pays continuent à en faire usage là où le béton armé n’a pas encore remplacé les anciennes poutres noircies et les terrasses d’argile.

Les églises de Syrie antique, celles de la Syrie du Nord en particulier, étaient jadis couvertes de toitures faites de bois et de tuiles rouges. Pourquoi donc des voûtes et des terrasses vu que la toiture fait partie d’une tradition ancestrale? Aujourd’hui-même, et, malgré les désastres d’une décade de guerre  malheureuse, les maisons, non encore éventrées de nos villages de montagne, brillent de tous les feux de leurs tuiles rouges.

La maison c’est le miroir d’une société. Si le Moyen-Age syrien a renoncé à la toiture ancestrale pour la voûte, appelée, dans le pays, “amas de pierres”, malgré tous ses inconvénients, c’est que le changement était pleinement motivé. La Syrie des premiers siècles chrétiens a joui d’une longue saison de paix qu’elle ne connaîtra presque plus. La voûte et la terrasse, donnant, aux lieux de culte, un caractère défensif, leur choix sera motivé par l’état d’insécurité dans lequel vivra la population chrétienne de la Syrie moyenâgeuse.

Les églises, au dire du P. Lammens[7], avaient des murs épais, des portes basses et des baies en meurtrière, car les fidèles s’y abritaient en cas de danger.

 

 

 

 

 

C - Arcs et Arcades:

 

Les chapelles cobiathines présentent les mêmes éléments de décor. Les portes et les baies appliquent un même dessin quand une restauration récente, souvent de très mauvais goût comme à Saint-Georges de Chouita, n’est pas survenue. Les mêmes tracés d’arc, cul-de-four et outrepassé dans les absides, berceau brisé ou arête dans les autres parties de l’édifice, sous tendent partout la construction. Nous avons déjà signalé, à ce propos, une exception en l’arc surbaissé de la voûte intérieure de la porte Nord de Mar Sarkis.

Les monuments syriens des Croises ne s’écartent pas trop de ces règles. A l’exception de l’arc outrepassé, rarement employé, les Francs ont voûté leurs absides d’un cul-de-four et leurs nefs de berceau brisé ou bien d’arête, et, souvent ils ont Jumelé les deux arcs dans le même édifice.

L’antériorité de l’arc brisé chez les Syriens, et l’emprunt auquel ont eu recours les Croisés ne font plus de doute, aujourd’hui[8]. Il reste toutefois utile de faire des réserves à propos du critérium établi par certains orientalistes vis à vis de l’arc Franc.

“La Clef est caractéristique de l’arc brisé arabe, écrit le marquis de Vogue[9]. Elle est, en effet, inutile dans les arcs composés de deux segments de cercle se butant mutuellement; elle est remplacée, dans l’art médiéval, part un joint vertical”.

Il est certain, preuve à l’appui, que dans les constructions syriennes des Croisés, tous les arcs sont brisés. Il ne serait pas, cependant, exact de dire que les Croisés n’ont jamais employé que l’arc à joint vertical, c’est-à-dire sans clef centrale. Ils ont, par contre, fait usage des deux systèmes et l’on rencontre souvent l’un ou l’autre ou, bien les deux à la fois dans le même ouvrage.

Les travées de Mar Sarkis et de Deir’Nein (chapelle nord) sont soulignées par des grandes arcatures composées d’un seul arc de décharge par travée s’élevant jusque sous l’imposte de la voûte. Ces arcatures sont tracées en tiers-points comme celles des Croisés. Les chapelles Sud des deux monuments présentent, par contre, des voûtes d’ogives. La petite arcature au bas des murs ne se rencontre que dans la chapelle Nord de Notre-Dame de Ghozrata. On en trouve aussi dans les constructions franques de Tartous. Les églises du Moyen-Age syrien, ainsi que celles des Croisés sont, en général, couvertes de voûtes. Cette couverture en berceau, au centre de l’édifice est, copulé à une voûte d’arêtes qui couvre la nef et les bas-côtés.

Peut-on, dans ce cas, avoir recours à l’un ou l’autre système, comme critère de datation? Les différences dans le choix de la voûte ne semblent pas correspondre à des dates différent mais bien plutôt à des conceptions diverses, ou bien, à des nécessités différentes. “Peut être, écrit C. Enlart, ces deux manières de voûter sont celles de deux régions ou plutôt de deux ateliers et non celles de deux périodes”[10].

Les voûtes des édifices cobiathins, berceau ou arêtes, sont couvertes de terrasses alors que l’extrados des voûtes en berceau, chez les Croisés, est généralement, apparent, protégé par un enduit[11], alors que les voûtes d’arêtes portent des terrasses en terre battue.

Les voûtes d’arêtes du Moyen-Age syrien sont généralement, d’un beau tracé: des lignes nerveuses et effilées, formées de l’intersection de deux berceaux brisés, présentant des volumes aériens très élancés.

 

 

 

 

 

D - Peinture et stuc:

 

Les parois intérieures des monuments cobiathins devaient être couvertes de peinture. Les murs actuels en conservent, parfois, de petits fragments estompés. Des traces de peinture s’offrent, au regard attentif, sur la partie Ouest du  mur Nord qui commande l’accès à l’église de Mar Sarkis. La trace de ces peintures a été complètement perdue dans les autres églises soit à cause des incendies qui ont ravagé les lieux de culte lors de l’invasion de Baibars en 1271 et dont la fumée a laissé ses empreintes sur l’appareil noirci comme dans l’église de Mar Daniel à chouita; soit à cause de l’abandon: le mortier s’est totalement détaché au cours des siècles. Le badigeon bleu-ciel délavé qu’on voyait sur les calottes des absides des saints Georges et Daniel à Chouita, accusait ouvertement un très mauvais goût villageois. De facture récente, il vient d’être, heureusement, enlevé.

Les églises cobiathines devaient être ornées de stuc peint. Les décorateurs syriens étaient, d’ailleurs, fort habiles dans l’art du stucage. La moulure en biseau qui se profile aux impostes des absides des chapelles du Cobiath est à peine épannelée. Elle était, comme nous le pensons, destinée à être revêtue de stuc auquel les décorateurs auraient donné un beau profil.

Disons, enfin, que le même mortier enduit, généralement, le parement intérieur bien que l’appareil de certaines parties, comme les piliers des églises des Saints Serge et Bakhos et de Deir’Nein, paraisse avoir été préparé pour assises à joints vifs.

La peinture et le stucage ont donc joué un grand rôle dans l’architecture de nos monuments ainsi que la peinture l’a eu dans les églises des Croisés.

Les chapelles des Ordres militaires, par contre, et au dire de certains orientalistes[12], étaient ornées d’une décoration essentiellement militaire: écus, lances, mors et celles de chevaux…

Un pur hasard vient de prouver qu’il y a avait plus que ce décor dans lesdites chapelles. Dans celle de Marqab, par exemple, chapelle, jadis détenue par l’Hôpital, et, très bien conservée, des peintures qui ornaient l’abside et les voûtes en berceau des deux sacristies, ont été récemment mises à jour. La sacristie Nord qui ouvre directement sur le sanctuaire, possède une très belle “Dernière Cène” peinte sur le berceau central.


 

[1] ENLART C., Monuments religieux des Croisés, vol.Ip.62

[2] SARKIS H., Contribution à l’histoire de Tripoli p. 151

[3] Max Van Berchem et Edmond Fatio, Voyage en Syrie, le Caire 1914, vol. II, p. 134

[4] ENLART C., Monuments religieux des Croisés, vol.Ip.31

[5] LAMMENS H., Vestiges archéologiques du Liban, vol.I, p.p. 90-91.

[6]  Le procédé a été utilisé au IVe  siècle dans les églises de la Syrie du Sud. Cfr. à ce propos, LASSUS J., Sanctuaires chrétiens de la Syrie.

[7] LAMMENS H., Vestiges archéologiques du Liban, vol I,p.65.

[8] De VOGUE. La Citerne de Ramlé, p. 178

[9] De VOGUE, La Citerne de Ramlé, p.166.

[10] ENLART C., Monuments religieux des Croisés, vol.I,p.63

[11] Cfr, Ste, Catherine à Enfe !

[12] DESCHAMPS P., La Défense du Comté p. 157

 

 

Table des Matières

Partie1-Chap1

Partie3-Chap1

Partie4-Chap1

 

Partie1-Chap2

Partie3-Chap2

Partie4-Chap2

Introduction

Partie1-Chap3

Partie3-Chap3

Partie4-Chap3

   

Partie3-Chap4

Partie4-Chap4

 

Partie2-Chap1

Partie3-Chap5

Partie4-Chap5

 

Partie2-Chap2

Partie3-Chap6

 
   

Partie3-Chap7

Conclusion

 

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