Table des Matières

Table of Contents

Dr. Père Cezar Mourani ocd

Nouvelle Edition 2002

 

L'Architecture Religieuse de Cobiath (Kobayat) sous les Croisés

TROISIEME PARTIE

Etudes Detaillées des Chapelles Cobiathines

 

 - Chapelles Simples –

Chapitre 3

 

La Rive de Naher-El Kébir 

 

FSAQINE

 

Situé à peu de distance à l’Est de Deir-Jannine sur la voie secondaire qui relie Halba à Homs par le Cobiath, jusqu’à quelque temps, Fsaqine n’avait d’existence que nominalement sur la carte militaire. Le seul signe de vie sensible était comme l’est toujours, sa célèbre source( Ain-ed delbé) à laquelle avaient l’habitude de se rafraîchir les paysans les caravaniers et les pieux pèlerins du pays. Le village est en train de se relever de ses cendres et de belles maisons poussent, sans ordre à la place des anciennes demeurs tombées en ruines[1].

 

 

Le nom [2]:

D’origine latine, Fsaqine, piscina, a le ses de bassin d’eau, mare, abreuvoir, bassin de purification:

Il semble être aussi d’origine perse passé à la langue arabe. Fsaqine est un nom pluriel, il fait, au singulier, Fisqia, dans le sens de bassin d’eau. L’emploi du pluriel est, ici, fort compréhensible, car les petites sources avec leurs bassins respectifs sont assez nombreuses, servant, soit à abreuver les animaux domestiques, soit à arroser les rares lopins de terre destinés à la culture maraîchère.

 

Si notre lecture se révèle exacte, nous aurons rencontré, pour la première fois, un souvenir perse dans la toponymie du pays.

 

 

 

Structures et vestiges antiques

Le sarcophage :

Emporté, il y a quelque temps, et, disparu, le sarcophage était en pierre noire long de deux mètres et dix centimètres. Il portait, sur l’un de ses flancs, une sculpture en relief, dessinant une femme assise sur un trône avec buste à moitié nu et seins proéminents. Un homme barbu, debout, devant le trône, tend les bras chargés d’offrandes. La scène est encadrée, comme il se doit, de la guirlande d’usage. Est-ce une scène d’adoration?

 

Le Linteau :

Monolithe, en pierre noire, il n’en reste, après son morcellement actuel, qu’un tronçon de 80 cm. de longueur. La pierre porte une croix du type dit paléo-chrétien, sculptée en relief et entourée d’un cercle de 23 cm. de diamètre, les bras ont 7 cm. de largeur à leur extrémité et 2 cm. à leur point de départ.

 

Constructions antiques :

Le village devait, probablement, se trouver sur une large rampe à flanc de la montagne qui domine le sanctuaire. A 500 mètres, environ, de la chapelle, on peut toujours observer les amas de détritus informes de deux welis distants, l’un de l’autre, de 20 mètres à peine. Certaines parties des structures inférieures sont encore observables, elles ne nous permettent point d’en fixer, avec certitude, la destination première, mais on y peut distinguer deux genres de liant: l’un est un blanc de chaux avec de rares infiltrations de charbon. Liant très résistant et compact, il semble être le plus ancien. Le second est d’une couleur rosâtre. Il est composé d’un gravier trituré, d’origine locale, avec ajout de chaux et beaucoup de fines infiltrations de charbon de bois et de la poterie finement concassée. Ce ciment, plus friable que le premier se retrouve dans une construction superposée, toujours dans le weli du Nord-Ouest.

Le village antique semble être enfoui sous les décombres puisque à chaque creux de sillon, le soc de charrue se heurte à un tas de pierres de taille.

La montagne, qui barre l’horizon au Sud, est formée de deux genres de terrain : la partie basse de la contrée, là où se trouve, justement, le sanctuaire, est une terre volcanique avec une roche basaltique:elle constitue, par ailleurs, la partie cultivée du site. La partie supérieure de la colline est à sol blanchâtre avec une pierre crayeuse assez tendre et friable. Cette partie de la montagne abrite la nécropole antique, une quarantaine de grottes tombales de type hypogéal, découvertes jusqu’à présent, en plus de multiples tombes individuelles et populaires que le labourage ou bien les travaux de terrassement, mettent, de temps en temps, en lumière.

 

Mar Nouhra :

L’église, aujourd’hui weli musulman, sous le vocable de cheikh Mahmoud, était dédiée autrefois, à Mar Nouhra-Lucius. Formée d’un vaisseau unique à sanctuaire rond et abside saillante, elle devait avoir, probablement, un narthex dont on peut, jusqu’à présent, deviner les infrastructures, malgré l’état de vétusté dans lequel se trouve le monument. Faisant toujours partie d’un ensemble cultuel, l’édifice, église et annexes comprises, atteste une nette originalité, soit par rapport aux monuments à deux nefs ou à double chapelle, soit relativement aux monuments à chapelle unique, étudiés jusqu’à présent.

 

Le sanctuaire :

Il est toujours debout, jusqu’à la hauteur d’un peu plus d’un mètre, conservant l’abside et une partie de la nef, le reste étant complètement rasé. L’abside devait être saillante, à l’origine, car actuellement, il est impossible de relever aucune trace de chevet ou d’ouvrage accolé à la partie orientale. L’hémicycle du sanctuaire ne révèle aucune présence d’accès ou de porte de communication avec l’environ qui révèle, pourtant, une nette présence d’infrastructures qui pourraient constituer l’ensemble dont paraît faire partie la chapelle.

 

La nef :

Cinq mètres et quarante centimètres de largeur entre deux murs de rive d’une épaisseur de 1,15 mètres, la nef est conservée sur une longueur de 1,95 mètre, le reste étant totalement effacé. La civilisation qui pensa y planter les restes vénérables d’un weli (homme de Dieu) eut soin de fermer les vestiges de la nef en élevant un muret transversal, mur de fortune, naturellement, avec un accès approprié. Quand au reste du vaisseau, aujourd’hui disparu, nous pensons qu’il devait avoir une longueur ne dépassant pas les douze mètres pour une largeur de 6 mètres environ. Quelle en était la limite vers l’Ouest? Les infrastructures qui, de temps en temps ressortent du sol, donnent une longueur de 15 mètres, mesure prise à partir de la fin du mur restant de la nef. Remarquons que les infrastructures semblent continuer plus ou moins exactement les murs de rive de l’église.

Dans le cas où les infrastructures n’appartiennent pas à une construction plus ancienne, chose selon nous à écarter, à quoi peut-elle correspondre une longueur de 17 mètres pour une largeur de 6 mètres, mesures non constatées, dans tous les monuments du pays? Il reste alors à envisager dans le cas de cette lecture, une variante beaucoup plus logique: la nef, plus courte, serait d’une longueur normale de 13 mètres et les quatre mètres supplémentaires dont on peut remarquer la présence sur le sol, ne sont autre que les vestiges d’un portique ou narthex de 4 x 5 mètres. Si notre façon de voir est juste, nous aurons un plan d’église tout à fait original par rapport aux autres monuments du pays: voire, le dessin d’une chapelle simple, à sanctuaire saillant et à nef unique allongée d’un narthex, le tout encastré dans un ensemble cultuel aux multiples fonctions.

 

Les annexes :

Nous venons de signaler que l’église faisait partie d’un ensemble cultuel. Au Nord et perpendiculaire au mur de rive du sanctuaire, nous avons relevé les traces d’une construction ancienne faisant deux salles assez grandes (5 x 4,50) alors que le côté méridional est flanqué d’une série de salles qui s’allongent dans le sens du Sud.

A quoi pouvaient servir toutes ces salles? Était-ce un monastère? Il n’en a pas l’air bien qu’il porte le nom de Deir. Nous pensons plutôt à une simple église paroissiale de village avec ses annexes traditionnelles: c’est-à-dire: école, logement du clergé, salles de réunion, ou chambres à provision[3].

 


[1] Dernièrement, j’ai été visiter les lieux - la source, la vasque, le plarane, le terrain, tout a été aplani par bull-dozer et une villa moderne y a poussé-seul le weli, solitaire, yreste.

[2]  gérondif de la racine, diviser, écarteler couper, le nom signifierait, les séparés les isolés ceux de l’autre côté(fraïha, les noms p.132) dans ce cas le  village, face à arwat (Aintinta) serait parfaitement à sa place: ses habitants sont ceux de l’autre côté

[3]  L’église Mar Mama à Eddé-Batiroun (fin XIIe siècle), possède une série de salles tout à fait semblables à celles de Fsaqine: Ces salles servaient de classes et de logement au clergé.

 

 

Table des Matières

Partie1-Chap1

Partie3-Chap1

Partie4-Chap1

 

Partie1-Chap2

Partie3-Chap2

Partie4-Chap2

Introduction

Partie1-Chap3

Partie3-Chap3

Partie4-Chap3

  

Partie3-Chap4

Partie4-Chap4

 

Partie2-Chap1

Partie3-Chap5

Partie4-Chap5

 

Partie2-Chap2

Partie3-Chap6

 
  

Partie3-Chap7

Conclusion

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